Comme chaque ville du Nord, Dunkerque possède ses géants et le carnaval est pour eux l’occasion de sortir en ville !
Sur la trace des Géants et déguisements
Depuis 2000, le Reuze et sa famille défilent à l’avant-bande pour ensuite se fondre dans le décor agité. Reuze est l’un des plus anciens géants. C’est aux environs de l’an 1550 que serait née sa légende. Elle raconte l’histoire d’un méchant guerrier scandinave Allowyn, qui après avoir pillé Mardyck, voulut s’en prendre à Dunkerque.
Mais à la descente de son drakkar, il se blessa gravement avec son épée et fut soigné par Saint-Éloi, l’évangélisateur de Dunkerque. Au seuil de ses 100 ans, le protecteur de la ville mourut et la cité en pleurs décida de lui rendre hommage en donnant son apparence à un mannequin d’osier. Au début du XXe siècle, Alfred Dumont, le maire de l’époque attaché aux traditions, fit construire une reuzinne Mietje et célébra en grande pompe le mariage.
De cette union naquirent trois enfants, Pietje, Boutje et Miesje, bien protégés par six gardes : Allowyn, Dagobert, Gélon, Goliath, Roland, et Samson. C’est véritablement après la Seconde Guerre mondiale que le Reuze accompagna le carnaval, Il fut rejoint au cours de la décennie 90 par sa famille, oubliée pendant une cinquantaine d’années au fond d’un bâtiment.
Les géants sont de sortie !
Créée en 1999, l’association "Les Amis du Reuze de Dunkerque et du Patrimoine folklorique du Dunkerquois" assure la gestion et l’entretien des onze mannequins d’osier avec l’appui de la municipalité et du Conseil général. Renouant avec la tradition, les géants "relookés" défilent désormais aux avant-bandes de Dunkerque et de Malo accompagnés des fifres, des tambours et du public heureux de cette renaissance.
Déguisements et accessoires
Deuxième nature chez les Dunkerquois, le "clet’che" donne l’identité du carnavaleux. Pour être reconnu, on conserve le même pendant plusieurs années. On dit même qu’il ne faut pas le laver pour garder les traces des fêtes précédentes.
Mets ton beste clet'che
L’évolution historique du déguisement rappelle l’existence d’une véritable mode carnavalesque. À l’origine, les pêcheurs enfilaient les robes de leur femme et allaient chercher les fleurs des cimetières pour orner leur chapeau. Au XIXe siècle, vint le temps de l’élégance avec l’arrivée de déguisements plus étudiés comme le montrent les illustrations de l’époque. Au XXe siècle, le tablier d’écolier et le bât’che (costume marin rayé bleu et blanc) firent fureur avant de laisser place au retour du travesti, toujours d’actualité avec son incontournable manteau de fourrure. Le carnaval, véritable rituel d’inversion, a vu naître un drôle d’individu : l’homme-femme ! Dans l’excès et la caricature plus que dans l’imitation, les carnavaleux parodient les attributs et les pouvoirs du sexe féminin. Grotesque, le travesti préfère conserver sa pilosité… et même parfois une belle moustache au-dessus d’un rouge à lèvre criant.
Et sors ton parapluie
Les hauts parapluies qui envahissent le ciel au passage de la bande sont apparus au milieu de XIXe siècle. Pour se moquer des paysans qui venaient à la bande munis de leur inséparable parapluie (berguenaere en flamand), les citadins les auraient imités. À l’après-guerre, ils sont remis à la mode par les sociétés carnavalesques qui inscrivent leur nom dessus pour se faire connaître (ou reconnaitre).
Depuis quelque temps, ils tendent à être concurrencés par le plumeau (ou plum’tche), plus maniable et parfumé d’un sent-bon de basse qualité. Le masque est peu porté par les carnavaleux qui préfèrent se grimer, ce qui leur permet de ne pas être gêné dans les chahuts, de boire et d’embrasser facilement !