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L'hôtel de ville de Dunkerque

C’est en 1233, que Dunkerque fait construire son premier hôtel de ville, attestant ainsi d’un certain essor urbain. Un second édifice, plus important le remplace en 1564. Détruit en grande partie par un incendie en 1642 il est restauré en 1644. À la fin du XIXe siècle, sa capacité s’avérant insuffisante pour une population en constante croissance, la municipalité décide de la construction d’un nouveau bâtiment sur l’emplacement de l’ancien.

L'Hôtel de ville de Louis-Marie Cordonnier

Œuvre de l’architecte Louis-Marie Cordonnier, l’Hôtel de Ville est inauguré le 17 septembre 1901 en présence d’Émile Loubet, Président de la République, en visite à Dunkerque à l’occasion de sa rencontre avec le tsar Nicolas II. Ce nouveau bâtiment se déploie en proportion de l’importance économique, démographique et politique que la ville a acquise.

L’Hôtel de Ville est gravement endommagé lors de la Seconde Guerre mondiale. Les travaux de restauration sont menés de 1948 à 1957 et confiés à l’architecte Louis-Stanislas Cordonnier, fils de Louis-Marie.

Après-guerre, l’urbaniste en chef, Théodore Leveau, souhaite simplifier la façade qu’il juge surchargée d’ornementation, d’abondance de détails et de motifs sculptés. De même, il souhaite la simplification de la toiture et des intérieurs.

En 1947, le maire Gustave Robelet, demande la destruction des bâtiments en retour de façade, les matériaux récupérés seront réemployés. Le nouvel Hôtel de Ville est inauguré le 15 octobre 1955 par le président de la République, René Coty. L’aile nord, rue Michel de Swaen est construite de 1958 à 1960. L’aile sud, rue Faulconnier et ruelle aux Pommes est terminée en 1974.

Un peu d'architecture

L’Hôtel de Ville est bâti sur un plan en U, de style néo-flamand en briques et pierres pour les corniches, soubassement et encadrements. Sa façade large de 56 mètres et haute de 19 mètres sous corniche, (26 mètres jusqu’au faîtage) est rendue imposante par la galerie de sculptures des personnages qui ont marqué l’histoire de Dunkerque.

Toutes les façades, y compris latérales, sont hérissées d’éléments pittoresques empruntés au vocabulaire de l’architecture régionaliste chère à Louis-Marie Cordonnier. Son beffroi haut de 75 mètres est couvert par un toit à larges pans.

Description de la façade

On remarque trois niveaux d’élévation :

-    Un soubassement de haute taille, construit entièrement en pierre et orné d’un long bourrelet de pierre formant bossage.

-    Le 1er niveau est percé de 8 lancettes jumelées, réparties de façon égale de part et d’autre de la porte d’entrée. Ces ouvertures sont flanquées aux extrémités de la façade d’une autre baie jumelée. Ce niveau correspond aux bureaux administratifs.

-    Le second niveau ou étage noble est percé de 8 grandes baies vitrées verticales réparties de part et d’autre d’une grande fenêtre axiale. Elles sont flanquées aux extrémités de balcons formant logette ouverte (à claire-voie). Entre chacune des fenêtres, sont nichées sous un dais de pierre, les portraits en pied de différentes personnalités ayant marqué l’histoire de Dunkerque. Le choix des personnes est arbitraire et d’autres figures auraient également mérité cet honneur. De gauche à droite apparaissent : le Général Armand Charles, comte de Guilleminot (1774-1840) qui s’illustra pendant la révolution et sous l’empire. Robert de Cassel, (1276-1331) Seigneur de Dunkerque, Jean-Marie Emmery, (1754-1825) maire de Dunkerque et colonel de la garde nationale qui défendit la ville lors du siège de 1793. Pierre Vanstabel (1744-1797) L’amiral.Baudouin III, Comte de Flandre (mort vers 962) et l’amiral Jacobsen (vers 1563-1632).

La reconstruction fait disparaitre, les statues du bourgmestre Pierre-Mathieu Faulconnier, sur l’aile gauche et celle de l’artiste peintre Jean-de Reyn, sur l’aile droite.

Au 1er et 2eme niveau, on remarque l’utilisation de la brique pour la façade et de la pierre pour le décor. C’est à cet étage que se trouve l’ensemble des salons.

Une corniche imposante et une balustrade en pierre séparent le second niveau de la toiture en pointe couverte d’ardoises. Celle-ci est dotée de 8 lucarnes construites à l’aplomb des baies vitrées.

A cette organisation horizontale répond un ordonnancement vertical des structures, établi par la présence aux extrémités de deux pignons surmontant les logettes. Au centre du bâtiment, au-dessus de l’entrée principale, on remarque une grande baie ogivale qui abrite la statue équestre de Louis XIV, œuvre du sculpteur René Boutry (Lille, 1857-Levallois-Perret, 1938) 1er Prix de Rome en 1887. A noter, qu’il est rare de trouver une statue royale sur un bâtiment Républicain, celle-ci rappelle le rattachement de Dunkerque à la France en 1662.

Les pignons comportent encore quelques éléments pittoresques en pierre qui, au début du XXe siècle, surchargeaient la façade. Ces éléments, empruntés à l’architecture régionale des 15e, 16e et 17e siècle, démontraient du goût très prononcé de l’architecte en faveur d’une décoration ancrée dans le territoire.

L’imposant beffroi, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2005, surmonte l’édifice. Dunkerque possède ainsi deux beffrois classés, celui de l’Hôtel de ville et la tour-clocher de Saint Éloi.

Décors intérieurs

À l’entrée de l’hôtel de ville, de part et d’autre de l’escalier, sont disposées deux sculptures :

-    A droite, un bronze intitulé Milon de Crotone, une copie d’après une œuvre de Pierre Puget.

-    A gauche, un second bronze, Moïse tenant les tables de la loi, copie d’une œuvre de Michel-Ange.

Dans le hall, deux plaques commémoratives rappellent, à gauche de l’entrée, la remise de la Croix de la Légion d’honneur à la Ville le 10 août 1919 par Raymond Poincaré, Président de la République ainsi que la venue du Maréchal Foch, reçu à Dunkerque le 20 octobre 1919. La plaque, à la droite de l’entrée, offerte par l’association Dunkirk Vétérans salut la mémoire des hommes qui ont donné leur vie lors de l’Opération Dynamo de mai-juin 1940 et permit la plus grande opération de rembarquement de l’histoire militaire : 338 000 soldats alliés, dont 123 000 militaires français et 16 800 belges, qui  échappèrent à l’enfer de Dunkerque par la mer à bord d’une flotte de plus de 800 navires de guerre, de commerce ou de plaisance venus principalement d’Angleterre mais aussi de France et de Belgique.

L’escalier d’honneur large de 15 mètres est prolongé par un vestibule et met en exergue le spectaculaire vitrail qui illustre la réception faite à Jean Bart par les autorités locales après la victoire du Texel, le 3 juillet 1694 : Jean Bart, héros Dunkerquois, y est représenté en sauveur de la France.

Sa réalisation est confiée, en 1899, au maître verrier parisien Felix Gaudin, sur des cartons de Victor Tardieu. Le maître verrier semble s’être inspiré pour ce vitrail d’un tableau d’Amédée de Taverne, conservé dans les collections du musée des Beaux-arts de Dunkerque depuis 1840. La maquette de la verrière fut exposée au Salon de la Société nationale des beaux-arts en 1899.

On admire au centre du vitrail, Jean Bart représenté en gentilhomme, accueilli par Gervais Desvignes, curé de Saint-Éloi, le bourgmestre Jacque Omaer, François Cornil, fils de Jean Bart et le bailli et historien Pierre-Mathieu Faulconnier.

A l’arrière-plan, on distingue les murailles de l’enceinte de la ville, la tour du Leughenaer surmontée des drapeaux de la ville et la Noord porte au centre. Le bateau Le Maure, commandé par Jean Bart arbore fièrement les couleurs du royaume de France : le blanc, les fleurs de lys et la couronne.

A noter, que l’artiste créateur du vitrail, Félix Gaudin s’est, paraît-il représenté sur la partie gauche du vitrail.

Le vitrail est endommagé durant le Premier conflit mondial, il est démonté en 1939, protégé durant la seconde guerre mondiale il est restauré et remonté par le maître verrier Etienne Delannoye en 1953.

Salle des mariages

En décembre 1955, le maire Paul Asseman charge le sculpteur Robert Coin d’exécuter 8 panneaux décoratifs en stuc. Les 4 premiers sont posés en 1956 dans la salle des mariages. Ils sont intitulés :

-    La force dans l’adversité

-    La prospérité dans la Paix

-    L’homme dominant la mer

-    L’Homme domptant le feu

L’artiste livre 4 autres panneaux en 1958, ceux-ci sont placés dans la salle des Flandres :

-    L’Industrie

-    Le Commerce

-    L’Agriculture

-    La Marine

L’année suivante, le maire ouvre un concours de peinture murales dans la salle Vauban sur le thème « Dunkerque porte ouverte sur monde », le panneau est réalisé en 1958 par l’artiste Roger Chapelet.

Le tympan, dans la salle de la Rotonde, représente les armoiries de la ville de Dunkerque. Il est réalisé en 1958 par le peintre Lillois Adolphe Costenoble.

Dans la salle des mariages, on découvre l’entrée triomphale de Louis XIV, le 2 décembre 1662 et Yolande de Flandre, fille de Robert de Cassel. Ces deux fresques, œuvres du peintre lillois Pierre-Paul Desrumaux sont livrées en 1958.

Le conseil municipal se tient sans la salle Jean-Bart qui abrite une vaste fresque de l’artiste Arthur Van Hecke (1924-2003) qui se trouvait auparavant dans le lycée Benjamin Morel aujourd’hui détruit.

Dans la cour de l'Hôtel de Ville

La Noord Poorte ou Porte Jean-Bart était située primitivement sur le quai, place du Minck, à peu près dans le prolongement de la rue des Arbres. Elle s'ouvrait sur le "Wishmarkt", marché aux poissons, non loin du pied du Leughenaer et faisait partie de la longue muraille du port qui partait du Leughenaer à l'extrémité de la rue de Bergues (rue de l'amiral Ronarc'h).

Son histoire se confond avec celle de la muraille du quai des Hollandais. En 1406, les remparts bourguignons avaient remplacé les fortifications de Baudouin III comte de Flandre, élevées de 960 à 964. Les nouveaux remparts comprenaient une forte et haute muraille flanquée de 28 tours. Trois portes permettaient de rentrer en ville dont la "Noord-Poorte". En 1591 une nouvelle muraille fut levée entre le marché du poisson et la porte de l'horloge. Rachetant Dunkerque en 1662, Louis XIV la transforme en place stratégique fortifiée et l'embellit considérablement. Il y fit aménager deux places spacieuses, planter des arbres, aligner les rues et ériger de beaux monuments dont la porte de la marine, construite en 1686, et la Noord Poorte monumentale, bâtie vers 1690 selon quelques historiens. C'est d'ailleurs près de cette porte que débarqua, en triomphe, Jean Bart accompagné de ses officiers et marins, le 3 juillet 1694, après sa victoire du Texel. (Cette scène triomphale est représentée dans le grand vitrail de l'hôtel de ville placé dans l'escalier d'honneur). Ce souvenir historique valut aussi à cette porte le nom de Porte Jean Bart.

La muraille du port fut souvent réparée et en 1758, rebâtie depuis le jardin des Récollets jusqu'à l'escalier du Petit Château. En 1839, elle fut entièrement démolie depuis le bourg de guinée (porte du quai) jusqu'à la porte de la poissonnerie, nom aussi donné à la Noord Poorte. Mais la partie comprise entre celle-ci et la Tour du Leughenaer fut conservée à cause de sa solidité ; le service du pilotage s'y était d'ailleurs installé en 1757 et y avait fait aménager un étage. Puis la Noord Poorte fut partiellement bouchée et transformée en un estaminet (À l'ancienne espérance) où les marins aimaient à s'entasser. Il en fut ainsi jusqu'à la fin du XIX ème siècle. Le vieux Minck étant reconnu insuffisant, exigu et malsain, on résolut de l'agrandir en communication directe avec le quai. La vieille muraille et ses dépendances furent donc abattues dès octobre 1899. La Noord Poorte devait être démolie.

Considérant l'intérêt architectural de son fronton, le maire en fit prendre un moulage en plâtre. Puis le 16 décembre 1905, le conseil municipal décidait de rétablir l'ancienne porte qui fut réédifiée dans la cour de l'hôtel de ville contre le mur de l'Ouest. Les travaux de remontage de ce monument, qui ne s'avère être qu'une copie, furent longs et délicats et ne s'achevèrent que le 8 février 1907.

Achevé en 1902, le nouveau Minck fut incendié en 1940 et démoli à son tour en 1953. La Noord Poorte eut plus de chance et ne fut touchée que par un éclat d'obus. Elle fut restaurée en 1965.

Eléments protégés au titre des Monuments Historiques : beffroi, vestibule, escalier, rampe, salle des mariages, salle du conseil, décors intérieurs, porte.

Classement du beffroi au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2005.