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Maurice Martin, le goal volant des "Bleu et Blanc" !
Maurice Martin, le goal volant des "Bleu et Blanc" !
Celui qui semble être le chef de la bande a ôté sa casquette et ouvert le débat sans préambule. De ces douze jeunes gens réunis dans ce café de la place du Kursaal, il est bien le seul qui s’exprime avec des accents de passion et de profonde conviction. "Il faudrait vous décider, lance Marcel Tribut à ses compagnons. Nous ne pouvons pas passer toute notre existence à jouer au billard ou aux cartes, ou à courir les cafés de la Citadelle. Même en comptant les trois bals qu’il y a dans l’année et la ducasse, c’est tout de même assez mince comme distractions. Je connais un jeu beaucoup plus passionnant..."
Et pour la énième fois, en ce dimanche matin de mars 1899, Marcel Tribut raconte son séjour chez son oncle en Écosse où il perfectionna son anglais et surtout découvrit le football. Il emporte l’adhésion de ses compagnons et on commencera à taper dans le ballon l’après-midi même sur un terrain militaire situé aux Glacis.
Père fondateur du football dunkerquois, Marcel Tribut a accompagné durant plusieurs décennies son développement avec un idéalisme qui excluait toute ambition personnelle. Capitaine de jeu aux premiers balbutiements, il s’efface une première fois pour laisser la place à des instructeurs plus expérimentés lorsque l’US Malo-les-Bains fait son entrée dans l’arène en 1900. Toujours présent à l’arrière-plan, il poursuivra son œuvre vers le recrutement des jeunes, jetant ainsi les bases de la glorieuse épopée d’après-guerre. En 1918, il sort à nouveau de l’ombre pour établir un dossier de dommages de guerre indispensable au réaménagement du stade de la Victoire. Il sera à nouveau là pour trouver le financement nécessaire à la construction du nouveau stade de Rosendaël qui portera son nom.
Marcel Tribut se retirera aux premiers bruits du professionnalisme, ne pouvant admettre cette forme de commercialisation du sport. Installé à Lille, il meurt le 22 octobre 1944 à l’âge de 63 ans, terrassé par une crise d’angine de poitrine.
L’Union sportive de Malo-les-Bains (USMB) voit le jour un an plus tard, le jeudi 22 mars 1900. Elle intègre d’emblée le championnat du Nord où elle vit un apprentissage des plus laborieux. Dans le même temps, une section football est créée au sein du Sporting Dunkerquois. Le football décolle ainsi sur le littoral avec un premier derby à l’affiche le 17 novembre 1901 sur le terrain des Glacis, enlevé par le Sporting sur le score de 2-0.
Les Dunkerquois rejoindront finalement les Malouins sous les couleurs de l’USMBD. Le club débute en championnat officiel lors de la saison 1904-1905 avant de rejoindre en 1912 un nouveau stade rue de l’Hôtel de Ville.
Il faudra attendre le 1er mai 1909 pour que Dunkerque possède sa propre formation avec la naissance du Stade Dunkerquois à l’initiative de plusieurs dirigeants et joueurs de Malo entrés en dissidence. Présidé par Paul Cappelle, le nouveau club affiche de suite ses ambitions en faisant les démarches nécessaires pour obtenir un terrain situé le long de la route des Bains, derrière la statue de la Victoire. Après un peu moins de deux ans de travaux, le stade de la Victoire est inauguré en grande pompe le 16 avril 1911 : musique, course de 10 km, boxe, barres parallèles, poids et haltères et, pour la partie football, la venue du Stade Leyton FC, l’une des meilleures formations londoniennes du moment !
Dunkerquois et Malouins se retrouveront dans le même championnat lors de la saison 1913-1914 en compagnie de leur autre voisin saint-polois.
Après l’armistice de 1918, les deux clubs décident sagement de conjuguer leurs efforts pour relancer le football à Dunkerque. Le 4 octobre 1920, tous les sportifs dunkerquois se donnent rendez-vous pour la nouvelle inauguration du stade de la Victoire, ponctuée d’une nouvelle rencontre franco-britannique. Directement intégrée dans l’élite nordiste, la coalition Dunkerque-Malo a du mal à trouver ses marques malgré un beau parcours en coupe de France lors de la saison 1926-1927. Conscients qu’il faut réunir toutes les forces pour franchir un nouveau cap, les dirigeants de l’USDM engagent des pourparlers avec le RC Dunkerque, une petite société qui s’adonne surtout à la pratique du rugby.
C’est ainsi que naît l’Union Racing Dunkerque Malo (URDM) qui n’allait pas tarder à faire parler la poudre !
C’est une ère nouvelle qui s’ouvre pour le football dunkerquois, la plus glorieuse de toutes. Cette équipe amateur bourrée de talent va soulever les passions jusqu’à un degré jamais plus atteint. Le club compte parmi ses dirigeants un certain M. Bacrot qui fut l’un des meilleurs joueurs de l’Olympique Lillois. Il monte une équipe de feu : Lucien Gianelloni dans les buts, Jansen et Decrocq en défense, Longuemaere, Schutt et Hében en demis, les frères Bondois, Louis Dron, Devriendt, Maurice Carru à l’avant et Mathorez à toutes les places !
Au printemps 1928, Dunkerque-Malo et Roubaix partagent la tête du championnat de promotion. Roubaix débarque à la Victoire avec un train bondé de supporters, mais deux coup francs de Schutt et un but de Devriendt propulsent l’URDM en division d’honneur. La saison suivante, le promu bouclera l’exercice à la 3e place à seulement trois longueurs du champion lillois, mais disputera une demi-finale de coupe de France contre le FC Sète (voir encadré). Jusqu’alors, seul l’US Tourcoing avait réussi pareil exploit en 1921 chez les Nordistes.
L’URDM continuera de défrayer la chronique en 1929-1930 tant en championnat qu’en coupe de France. Cette fois-ci, c’est l’URDM qui est favorite contre Amiens pour ce quart de finale programmé au parc Jean-Dubrulle de Roubaix, haut lieu du football nordiste. Dunkerque ouvre le score mais se fera finalement éliminer par une formation picarde très en verve (1-2).
La mobilisation est sans précédent dans la cité de Jean Bart. De l’ouvrier du port à l’armateur, ils sont près de 2 000 supporters à accompagner leurs joueurs ce 7 avril 1929 au stade de Colombes à Paris.
Finaliste de la coupe en 1923 et 1924, Sète se présente sur la pelouse avec une pléiade d’internationaux français et étrangers. En première mi-temps, Sète récite ses gammes face à une équipe dunkerquoise visiblement impressionnée. Heureusement, Lucien Gianelloni multiplie les parades et on atteint la pause sur un score vierge. À vingt minutes du coup de sifflet final, l’arbitre siffle un pénalty en faveur des Méridionaux.
"Gia" repousse le tir mais ne peut rien sur la reprise du Sétois Baret. Cinq minutes plus tard, l’URDM obtient un coup franc à 40 mètres à droite des buts sétois. Tout le monde attend un missile de Georges Schutt, sauf Louis Dron embusqué sur la gauche. Ce dernier récupère le ballon pour signer l’égalisation. Sète devra attendre les dernières minutes du match pour obtenir son billet pour la finale qu’il perdra contre Montpellier.
Forte de son expérience accumulée en coupe de France, l’URDM vise le titre de champion du Nord à l’aube de la saison 1930-1931. 3e en janvier à 5 points du leader lillois, les Dunkerquois ne se remettront jamais de leur élimination, après prolongations, des seizièmes de finale de la coupe de France. Une défaite des plus honorables lorsqu’on sait que leur vainqueur du jour, Montpellier, lauréat du trophée en 1929, sera finaliste quelques mois plus tard.
Lentement mais sûrement, Dunkerque s’est fait une place dans la hiérarchie nordiste. Place au modernisme, la formation dunkerquoise qui le stade de la Victoire pour rejoindre le parc Jacobsen, à la lisière de Rosendaël. S’étendant sur une superficie de trois hectares, le nouveau stade est une merveille de conception et d’aménagement avec sa tribune de 1 200 places. Il est ouvert à la pratique du football, du rugby et de l’athlétisme en étant doté d’une piste de 400 mètres. Il est inauguré le 6 septembre 1931 en présence de Charles Valentin, maire, Henri Jooris, président de la ligue du Nord, et Marcel Tribut, l’âme du football dunkerquois dont l’équipement portera le nom.
La loi du 8 mars 1921, portant déclassement de l’enceinte fortifiée, permet enfin à la Ville de Dunkerque d’engager des travaux d’extension urbaine. Dès le 21 juin 1927, le conseil municipal décide de créer un terrain de sport en entrée de ville, sur l’espace libéré par la suppression du square Jacobsen du côté de Rosendaël.
Pour ce faire, la Ville loue un terrain de trois hectares au ministère de la Guerre et le rétrocède au plus important club sportif de l’époque - l’Union Racing Dunkerque Malo (URDM) - pour qu’il construise le stade et l’exploite. Présidée par Marcel Tribut et riche de 1 400 membres, l’URDM se partage à l’époque entre la pratique du football et du rugby sur le stade de la Victoire.
Une fois trouvées les subventions auprès de la Ville et de l’Etat, l’URDM construit le "Parc des Sports du square Jacobsen" qui deviendra rapidement le stade Marcel-Tribut. Ce petit bijou doté d’une tribune de 1 200 places sera inauguré le 6 septembre 1931.
Mais la guerre anéantira le nouveau stade comme le reste de la ville. Les tribunes ont été détruites et le terrain labouré par les bombes. On installe une tribune provisoire et des baraquements en guise de vestiaires.
Le club, devenu entretemps OD en 1934, puis USD en 1954, cède ses dommages de guerre à la Ville qui devient alors propriétaire du stade Tribut. Les travaux de construction de l’actuelle tribune "assise" s’étalent de 1957 à 1959, puis ceux de la tribune "debout" de 1962 à 1964 pour le gros-oeuvre. Autant dire que c’est un nouveau chapitre de l’histoire du club et de la ville qui s’ouvrira le 15 janvier avec la déconstruction de la tribune "debout" qui donnera le coup d’envoi de l’avènement du nouveau stade.
Si le match inaugural est gagné brillamment face au SC Bordeaux (5-0), il en ira tout autrement le dimanche suivant pour l’ouverture du championnat dans l’antre de Roubaix (0-5). Le 22 novembre, Dunkerque est sorti à la surprise générale de la coupe de France par Juvisy. L’URDM ne sauvera sa place en division d’honneur qu’à la faveur du désistement de Lille et Roubaix passés professionnels en cette année 1932. Malgré un ultime baroud d’honneur lors de la saison 1933-1934 où elle bouclera le championnat à la 3e place, à deux points du champion, c’est bel et bien une époque qui est révolue pour la formation dunkerquoise.
Les principaux clubs nordistes sont passés professionnels, ce qui nuit aux grands derbys d’antan. Certes les grands noms continuent de fouler la pelouse de Tribut mais seulement lors de matchs amicaux. Après avoir longuement hésité, les dirigeants dunkerquois se refusent néanmoins à franchir le pas du professionnalisme.
Dans un championnat amateur dont l’étoile pâlit à vue d’œil, les dirigeants de l’URDM mise sur une nouvelle fusion pour assurer la survie du football dunkerquois. Le Club des Amis de la Balle Dunkerquoise (CABD), basé en Basse Ville, n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis sa création en 1928, au point d’évoluer juste au niveau inférieur à celui de l’URDM. La réunion des deux clubs aboutira à la création de l’Olympique Dunkerquois en septembre 1934. IL faudra attendre le 14 octobre pour voir les deux formations se fondre en une seule équipe avec un succès à la clé en dépens de Boulogne (3-1). Mais l’OD n’arrive pas à décoller en bouclant le championnat à la 8e place sur 10. Heureusement, les dirigeants ont anticipé en posant sa candidature au professionnalisme dès le mois de mars 1935. La requête est acceptée par les instances fédérales deux mois plus tard et une nouvelle ère s’ouvre pour le football dunkerquois.
L’Olympique de Dunkerque fait son marché outre-Manche en recrutant Georges Gofton des Queen’s Park Rangers de Londres puis Grice et Jarvis. Ils seront rejoints en cours de saison par Hogan et Hart. Dans le même temps, Ginanelloni et Belunza font leur retour dans la cité de Jean Bart.
L’OD dispute son premier match pro le 18 août 1935 à Calais avec une retentissante victoire 4-1 ! Mais ce ne sera qu’un feu de paille avec une 15e place au final (sur 18 participants) et la lanterne rouge en termes de recettes. Rappelons qu’à l’époque, les subventions municipales étaient quasi inexistantes et que seuls le mécénat et les recettes aux guichets alimentaient les caisses du club.
Heureusement, un recrutement judicieux remettra le club d’aplomb pour la saison 1936-1937. En faisant signer les Anglais Joe Hillier (Sète) et Phil Griffiths (Folkestone), l’OD a tiré le gros lot. Auteur de 26 buts en championnat, Griffiths sort à lui tout seul Reims de la coupe de France en marquant les quatre buts dunkerquois. Hélas, l’OD héritera du pire adversaire qui soit en quart de finale, Rouen occupant le fauteuil de leader de première division. Dunkerque sera logiquement éliminé sur le score de 2-0 malgré le soutien d’un millier de supporters venus l’encourager à Roubaix.
La saison 1937-1938 sera du même acabit avec une remarquable 5e place en 2e division. Mais les difficultés financières réapparaissent dans un monde professionnel qui peine à se maintenir à flots. Une saignée est opérée dans l’effectif emmené par le duo local Tillie-Schutt. La saison aura tout du calvaire avec des difficultés de trésorerie récurrentes et des séries de défaites. Le bateau arrivera tant bien que mal à bon port, l’OD sauvant sa place en 2e division lors du dernier match contre Mulhouse (3-2) devant un peu plus de mille spectateurs.
L’expérience professionnelle n’a donc guère été concluante. Mais il est des courageux prêts à relever les défis, tel M. Tillie, le sergent recruteur odiste. Ce dernier lance une grande souscription auprès des sportifs locaux afin d’assurer la continuité d’une section pro. Et ça marche ! L’entraînement reprend en juillet 1939 avec un coach hongrois à la baguette. Un premier test est programmé contre Fives, alors pensionnaire de D1. La jeune équipe dunkerquoise, pleine d’avenir, n’aura guère le temps de montrer ses talents.
La rumeur de guerre enfle en cet été 1939. Bon nombre d’équipes ne peuvent pas bénéficier de leurs militaires gardés dans leurs unités. D’autres éléments sont rappelés sous les drapeaux. Face à cet exode, la Fédération française de football décide d’ajourner la reprise du championnat prévue le 27 août 1939...
Le stade Tribut vivra son dernier match avant l’invasion allemande en avril 1940 devant plus de 3 000 spectateurs, lors d’une rencontre opposant l’Olympique Dunkerquois à une équipe de militaires français, riche de plusieurs internationaux. De mai 1940 à la Libération, le football dunkerquois sera livré à lui-même. Il y aura bien un "championnat de Dunkerque" jusqu’au printemps 1944..., avant que les tribunes ne soient dynamitées par l’occupant.
Il faut donc repartir de zéro à la Libération. On installe une tribune provisoire et des baraquements en guise de vestiaires. Pour son premier match de championnat d’après-guerre, Le 3 septembre 1945, l’Olympique Dunkerquois domine les Cheminots de Boulogne devant 500 spectateurs juchés sur les ruines.
Mais malgré toute sa bonne volonté, l’OD peine à retrouver son lustre d’antan. Et après avoir manqué d’un cheveu l’accession en division d’honneur en 1952 face au voisin boulonnais, c’est une relégation en première division maritime qui attend nos Dunkerquois au printemps 1954 ! Les Odistes boiront le calice jusqu’à la lie en voyant leurs voisins et rivaux de l’UMRO s’accaparer de l’étendard du football dunkerquois !
Sous la houlette de Jean Rouvroy et d’une poignée de bénévoles, le vénérable Olympique Dunkerquois renaîtra de ses cendres quelques mois plus tard sous une nouvelle appellation : US Dunkerque Football.
Emmené par ses coachs André Tourte puis René Collin, le nouveau club gravira un à un les échelons jusqu’au championnat de France amateurs (CFA) qu’il rejoindra en 1960.
Dès le début de l’année 1966, le comité songe à une accession en 2e division professionnelle. Au mois d’avril, un référendum est organisé auprès du public, au terme duquel 8 spectateurs sur 10 se déclarent favorable au changement de statut. Le 2 juin de la même année, le groupement des clubs professionnels (l’ancêtre de l’actuelle ligue nationale) admet l’US Dunkerque en son sein. Un bail long de 40 ans venait d’être signé...
À l’heure de la reprise, en juillet, plusieurs recrues viennent renforcer un effectif amateur intégralement conservé : Lucien Bonnet (Charleroi), Leduc, Bout et Duval (Reims), Irigoyen (Boulogne), Charpentier (Angoulême) et Mercati (Saint-Etienne). Jean Parisseaux prend les rênes de l’équipe première tandis que René Collin est promu directeur sportif. Après plusieurs matchs amicaux prometteurs, les USDistes plongent dans le grand bain du professionnalisme en recevant Limoges, 3e du précédent exercice, devant quelque 3 000 spectateurs. Paralysés par l’enjeu, les Dunkerquois parviennent néanmoins à décrocher la victoire grâce à un pénalty transformé par Lucien Bonnet, au terme d’une rencontre houleuse et de médiocre qualité. Le dernier match à Tribut se soldera par une défaite contre Toulon (1-3) et le club bouclera la saison à la 13e place sur 18 équipes engagées.
Les émotions fortes seront pour la saison suivante avec un mémorable parcours en coupe de France. Après avoir éliminé Bruay (6-1), les "Bleu et Blanc" sortent le LOSC alors en 1re division (1-0) puis Dijon (3-0). Lorsque le tirage au sort des huitièmes de finale désigne Nice comme adversaires des USDistes, on fait la moue du côté de Tribut. Les azuréens tiennent le haut du pavé en 1re division et la rencontre se déroulera sur terrain neutre à Bourges. Contre toute attente, un but de Navacchi envoie Dunkerque au paradis, en l’occurrence un quart de finale contre Quevilly programmé le 30 mars 1968 au Parc des Princes !
Vainqueurs de Lyon au tour précédent, les équipiers de Daniel Horlaville sont de redoutables compétiteurs. Le club normand est un des plus beaux fleurons du football amateur...
Les Dunkerquois tomberont à pieds joints dans le piège tendu par leurs challengers. Devant les caméras de la télévision nationale, les Dunkerquois, amorphes, sont défaits sur le score sans appel de 4 à 0.
Ils auront une seconde chance trois ans plus tard avec Paul Lévin sur le banc de touche et un jeune Sénégalais aux avant-postes, Souleymane Camara. Transféré de Reims à l’intersaison, celui que l’on surnomme "Soussou" deviendra le chouchou de Tribut. Avec Martin dans les buts, les frères Gerez, Gayet et André Bonnet, Dunkerque dispose en plus d’une défense de fer, ce qui n’est pas pour déplaire à Dame Coupe.
Saint-Omer, le Racing-Club de France, Aulnoye et Lens passent successivement à la trappe. En huitièmes de finale "aller", l’USD s’incline contre Menton (1-2) au stade Louis II de Monaco, sous les yeux du Prince Rainier. Les méridionaux n’ont pas fait dans la dentelle lors de cette première manche ; le match retour sera tout aussi musclé sur les bords de la mer du Nord avec au final une qualification signée Fairise et Parra.
Le tirage au sort des quarts de finale désigne le prestigieux Olympique Lyonnais, emmené par Di Nallo, Chiesa et Domenech, comme prochain adversaire des Dunkerquois. À Gerland, sous une pluie battante, Fairise crée la sensation en ouvrant le score dès la 9e minute. Martin est héroïque dans sa cage mais les Gones renverseront la vapeur à l’heure de jeu (1-3). Le 5 mai 1971, lors du match retour, l’OL prend rapidement les choses en main en inscrivant deux buts par Felix et Chiesa dans un stade Tribut plein à craquer. Qu’importe, Dunkerque ne baisse pas les bras et revient au score grâce à Fairise et Skornik, avant de céder sur un ultime coup de boutoir de Fleury Di Nallo (2-3).
Après la coupe de France, Dunkerque allait se distinguer en championnat au cours d’une saison 1972-1973 qui restera dans les annales. Avec Elie Fruchart aux commandes du groupe pro et un trio d’attaquants redoutables (Terrier-Garnier-Camara), l’USD termine le championnat à la 4e place juste derrière Lens, Boulogne et Lille !
Sur leur lancée, les USDistes prennent un départ canon la saison suivante en virant en tête au tiers de la compétition. Alors qu’on pouvait envisager une accession en 1re division, une série de blessures brisera l’élan du groupe dunkerquois qui terminera finalement à la 8e place. Qu’à cela ne tienne, les USDistes renoueront avec les premiers rôles lors de l’exercice 1977-1978 qu’ils boucleront à la 4e place après avoir occupé à deux reprises le fauteuil de leader.
Avec sa perle yougoslave Stoji à l’aile droite et le retour de Jean-Claude Garnier à la pointe de l’attaque, Dunkerque sème à nouveau la terreur dans la surface adverse. La défense, menée de main de maître par Gilbert Bozon et son ultime rempart Francis Hédoire, se révèle des plus hermétiques.
Outre le championnat, les fidèles de Tribut goûtent à nouveau au parfum enivrant de la coupe de France ponctuée de deux qualifications au dépens de pensionnaires de l’élite : Lens et le Nîmes Olympique de Michel Mezy. Il faudra des canaris nantais au sommet de leur art pour venir à bout de la fringante équipe dunkerquoise en huitièmes de finale.
La saison suivante (1978-1979) ne s’annonce pourtant pas sous les meilleurs auspices avec la vente de plusieurs joueurs clés, cela afin de pouvoir équilibrer le budget. Les premières confrontations ne laissent rien augurer de bon avant qu’une incroyable série de 17 matchs sans défaite n’inverse la tendance. L’USD terminera à la troisième place à trois points seulement du champion lensois et du barragiste brestois. Hélas, le public - 2147 spectateurs en moyenne - ne suit pas la courbe ascendante des résultats sportifs ! L’entraîneur Elie Fruchart quitte néanmoins le club par la grande porte après sept années de présence sur le banc dunkerquois. Il est suivi dans cette démarche par le capitaine Gilbert Mallet qui marque trois fois pour son ultime rendez-vous au stade Tribut contre Amiens (5-0).
Si les années 1970 ont été riche en satisfactions, il n’en sera pas de même lors de la décennie suivante avec un premier avertissement sans frais adressé dès le printemps 1981. L’USD achève le championnat en position de premier relégable et ne doit qu’à la rétrogradation administrative du club de Thionville de sauver sa place en 2e division. Le club se trouve à son tour confronté à de graves difficultés financières qui entraîneront un dépôt de bilan à l’issue de la saison 1983-1984.
L’USD repartira cependant avec un noyau de jeunes joueurs dirigés par Hervé Gorce et Alex Dupont. Les "Marie-Louise" dunkerquois atteindront les quarts de finale de la coupe de la LIgue après avoir éliminé successivement Lille, Metz et le PSG ! Empêtré dans des difficultés récurrentes, le club bénéficiera du soutien de la Communauté urbaine, l’US Dunkerque faisant place le 1er juillet 1987 à l’Union Sportive du Littoral Dunkerquois (USLD).
Emmené par son buteur Adriano Fegic, le nouvel USLD et ses huit joueurs issus du centre de formation signeront quelques belles performances au stade des Huttes de Gravelines contre les "Diables Rouges" de Rouen (4-3) et contre le voisin valenciennois (4-0). Ces bons résultats ne seront qu’un feu de paille, car au terme de la saison 1990-1991, le club est "repêché" pour la seconde fois de son histoire après avoir terminé avant-dernier de l’exercice.
Les USDistes, sous la férule d’Alex Dupont, l’enfant du pays, tiendront compte du coup de semonce. Les Sachy, Hébert, Blanchard et autres Rodrigues qualifient le club pour la Super D2 avec une belle 6e place décrochée au printemps 1993. L’équipe semble lancée sur de bons rails avec une place de 9e obtenue à l’issue de la première saison en championnat unique de 2e division. La saison suivante sera du même acabit. Avec Baïocco dans les buts, Martin, Hébert et Blino en défense, Debrosse et Blanchard au milieu, Gourouli, Rinçon, Rodrigues et Haddadou en attaque, le onze dunkerquois est performant. Il faudra des clubs de D1 pour le "sortir" de la coupe de France (Metz) et de la coupe de la Ligue (Monaco).
Le stade Tribut revivra même ses plus belles heures avec la venue de l’Olympique de Marseille, champion d’Europe en titre, relégué dans le cadre de l’affaire VA-OM. Les USDistes tiennent la dragée haute aux vedettes de la Canebière, Lilian Martin arrachant l’égalisation dans les derniers instants sur un coup franc à ras de terre qui surprend Fabien Barthez. Une belle 8e place couronnera ce parcours prometteur et on reparle d’accession en 1ère division...
À l’intersaison, Dunkerque perd Blino, sa tour de défense, Blanchard et Rodrigues. Sur le papier pourtant, les "remplaçants" ne manquent pas d’allure : Mauffroy, Sauvaget, Pabois et Kachloul, pour n’en citer que quelques-uns, ont déjà goûté aux joies de l’élite. Après un départ catastrophique, les "Bleu et Blanc" se ressaisissent avant la trêve. Las, une défaite concédée à la reprise devant le dernier Alès fait resurgir les vieux démons. Pourtant, les Dunkerquois sauront élever leur niveau de jeu lors de la venue du leader marseillais, mais manqueront de régularité pour espérer sortir définitivement de la zone rouge. Le 17 mai 1996, l’USLD dit adieu à la 2e division après une ultime défaite concédée au Stadium de Toulouse face au Téfécé d’Alain Giresse (2-4).
Et le club n’est pas au bout de ses peines. La fédération ayant décidé de créer une troisième division unique (le championnat National), seuls les 7 premiers de chaque poule seront appelés à disputer la nouvelle compétition à l’été 1997. Comble de malchance, l’USLD bouclera l’exercice à la 8e place, ce qui aura pour résultat de la renvoyer directement en CFA, le championnat de France amateur quitté trois décennies plus tôt. Le club perd son statut professionnel et plusieurs espoirs issus de son centre de formation.
L’USLD boira le calice jusqu’à la lie au printemps 2002 avec une nouvelle relégation en CFA 2. Cet ultime purgatoire ne durera heureusement qu’une seule saison grâce à un dernier match de barrage homérique remporté aux tirs au but à La Rochelle.
Revenu en CFA, l’USLD ne parviendra pas à décrocher le ticket pour le National malgré un excellent parcours en coupe de France ponctué, en 2009, par une élimination en seizièmes de finale face à Lille sur le terrain de Calais (0-3).
Pire, il refera un aller-retour en CFA 2 en 2010-2011 ! Il faudra attendre le printemps 2013 pour voir les "Bleu et Blanc" retrouver le National sous la houlette de leur coach Fabien Mercadal. Après une première saison bouclée à la 5e place, les joueurs du président Scouarnec feront vibrer leurs supporters lors de deux oppositions mémorables avec des clubs de l’élite en coupe de France : le Stade Rennais (1-2) en 2015 puis Troyes (3-4 après prolongations) en 2016.
Avec Didier Santini aux manettes et son lutin portugais Alexis Araujo aux avant-postes, l’USLD est à deux doigts de toucher le Graal - l’accession en Ligue 2 - au printemps 2017. À quelques journées de la fin, les Dunkerquois semblent tout désignés pour accompagner Quevilly et Châteauroux à l’étage supérieur, mais à force de jouer avec le feu, c’est un derby face au rival boulonnais qui décidera de leur sort. Il n’y a pas à tergiverser, une victoire et c’est le barrage d’accession assuré. Cruelle désillusion ! l’USLD traînera comme un boulet une première mi-temps ratée pour finir sur un score de parité insuffisant (3-3). Ironie de l’histoire, le Paris FC, défait à Tribut 1-0 et dominé en barrage d’accession par Orléans, rejoindra finalement la 2e division quelques jours avant l’ouverture du championnat !
Faisant fi de leur déception, les Dunkerquois ont remis l’ouvrage sur le métier en cette saison 2017-2018 avec, en prime, un nouveau rendez-vous en coupe de France contre une Ligue 1. Ils affronteront, en effet, le FC Metz ce dimanche 7 janvier à 17h30. Un trente-deuxième de finale en forme d’hommage rendu au vieux stade Tribut, dont la tribune populaire vibrera une dernière fois avant sa déconstruction programmée à compter du 15 janvier.
Mais la Ligue 2 demeure dans toutes les têtes, d’autant plus que le club disposera d’un stade flambant neuf pour la saison 2020-2021 !
• "Dunkerque, l'histoire de son football : 1899-1963" de Marc Burnod
• "100 ans de football à Dunkerque : 1909-2009" de Jean-Yves Huysman et Gilbert Hocq.